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La reculade d’Abdoulaye Wade face au vrai pouvoir du peuple

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L’Afrique change. Derrière ce lieu commun volontiers dénué de sens, certaines réalités s’y cachent, malgré tout. Au changement économique de la décennie 2000 pourrait bien succéder le changement politique des années 2010. Après l’Afrique du Nord, c’est l’Afrique Noire qui commence à oublier sa timidité politique. Le Président sénégalais Abdoulaye Wade a voulu faire passer des changements constitutionnels rendant plus facile une future réélection en février prochain. Que nenni, il a dû retirer sa proposition face aux manifestations du peuple.

Wade voulait ainsi que le pourcentage de voix nécessaire pour être élu président soit baissé, de sorte qu’un second tour soit le plus souvent inutile. Ainsi, 25% des voix pourraient donc suffire pour être élu dès le premier tour, ce que la rue a désapprouvé. De même, le président Wade souhaitait créer un poste de vice-président visiblement destiné, selon ses détracteurs, à son fils Karim, voué à prendre la succession de son père. Comme si l’exemple gabonais du clan Bongo n’avait pas suffi…

La carté géopolitique africaine continue à être bousculée. Quelques mois après les épisodes kenyan ou nigérian, un autre pays qui représentait un ilot de stabilité politique est brusquement devenu un théâtre d’opposition marquées et violentes. L’Afrique n’a, dans sa grande partie, toujours pas pansé ses plaies politiques, symbolisée par des pouvoirs forts s’éloignant, au fur et à mesure de réélections, de l’idéal démocratique ; idéal qui, il faut le dire, reste impossible à atteindre.

Comme en Afrique du Nord, le prix des matières premières flambe et les services publics se dégradent de plus en plus. Pourtant, aucune révolution semblable à celles que l’on a  connues depuis le début de l’année n’a éclaté (l’exception ivoirienne mise à part). Pourquoi ? Cela semble difficile à dire, mais l’occidentalisation des pays d’Afrique Noire reste peu importante, la prégnance des réseaux sociaux, véritables véhicules des Révolutions arabes, reste éminemment discutable.

La leçon à tirer pour les peuples d’Afrique Noire est la suivante : les prétendus autocrates sont déboulonnables, à condition de s’unir derrière une cause juste et non pas derrière des intérêts particuliers. Ni même être trop manipulés par les grandes puissances étrangères. Plus facile à dire qu’à faire…

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